Comme on nous l avait laisse entendre, le trajet Khiva-Boukhara en voiture fut… epique.
Nous partagions fort heureusement une voiture (roulant au gaz, comme tous les vehicules ici!) a nous 3 + le chauffeur, avec la climatisation, qui n etait vraiment pas un luxe, la temperature flirtant avec les 40 degres et l ombre etant inexistante.
A peine 9h plus tard, et un slalom improbable entre les bancs de sable et nids de poule envahissant la route, et nous etions arrives, après une longue traversee du desert (litteralement).





Boukhara

Boukara nous a paru tres moderne après la ville-musee de Khiva! Notre premiere vue fut celle de la medressa de la place centrale, reconaissable aux deux griffons ornant son fronton, ravissante exception a l interdiction d art figuratif par l islam. Ceci est d autant plus surprenant que deux cochons blancs y figurent aussi (les guides disent que ce sont des biches, mais franchement, vous y croyez vous a des biches avec une telle anatomie?). Nous verrons d ailleurs 3 de ces exceptions, avec les griffons donc a Boukhara, avec des tigres portant un soleil sur le dos a Samarcande au Registan, et avec juste des tigres sur une autre mosque de Samarcande: ces petites endorses provenant des artisans perses ou indiens nous ont fait sourire a chaque fois!



Apres un delicieux restaurant pour se remettre de nos emotions, une courte nuit de repos, et nous voici repartis dans les ruelles, sous les iwans, dans les cours des medressas et sous les coupoles des mosquees, encore plus raffinees que leurs cousines de Khiva.













Nous decouvrons aussi au fur et a mesure de petits ateliers niches dans les cellules des medressas, ou s etale l artisanat local sous toutes ses formes: des marionettes souriantes, des chapeaux delirants (en blanc un chapeau Kirgize, en noir un Ouzbeque), les fameux tapis pure soie, des ceramiques emaillees, de grands tapis en laine de chameau…











Nous decouvrons egalement des batiments que nous n avions pas vu avant, de grands domes a la croisee de plusieurs routes, qui servaient d echangeurs au temps des caravanes (aujourd hui transformes en espace pieton et boutiques souvenirs), et ou les voyageurs pouvaient trouver a changer leur monnaie. La communaute juive de la ville exercait ce métier, interdit par l islam. Les hautes baies permettaient aux chameaux charges de marchandises de passer sous la coupole…



La grande mosquee du vendredi nous offre ensuite une ombre salutaire sous sa blanche colonnade d ou nous pouvons apprecier la beaute des proportions de sa cour interieure … Magnifique! L ensemble des mosques et medressas datent du 15eme siècle pour la plupart, l age d or ou Boukhara regnait sur toute la region et etait une etape incontournable de la route de la soie.





Nous visitons ensuite la forteresse de l Ark, perchee sur une colline artificielle 20m au dessus de la ville…



A la sortie de celle-ci, nous tombons par hasard sur une mosquee a iwan, au plafond de bois splendide. Nous y rencontrons ce vieil homme, qui attend l heure de la piere, et sommes touches par la grace de son attitude.





Demain, c est la rentree: les gamins jouent encore dans la rue, insouciants et souriants!





Le plus vieux monument d asie centrale nous ouvre ensuite ses portes: la “perle de l Orient” n a rien d impressionnant au premier abord, mais cette batisse a resiste aux outrages du temps grace a sa construction ingenieuse et au fait qu elle est restee presque entierement ensevelie pendant des siecles.
L harmonie de ce cube surmonte d une demi sphere, la simplicite des volumes alliee a la complexite des motifs en briques en font vraiment un element a part parmi tout ce que nous avons visite jusqu alors…





Nous finissons nos deambulations Boukharesques avec l ancien quartier juif. Quelle surprise d y decouvrir une synagogue nichee entre deux maisons!



Samarcande

Un trajet de 5h dans un bus local nous a permis de gagner la ville mythique de Samarcande.
Notre B&B etait situe a quelques pas seulement du Gour Emir, mausolee ou repose le fameux Tamerlan (heros national depuis que Staline a ete dechu de ce statut) et certains membres de sa famille. Le personnage est partout present en Ouzbekistan (noms de rues, place, statues, ...) en particulier a Samarcande d ou il a gouverne son empire. C est lui qui a fait venir les plus grands architectes de son empire pour faire de Samarcande ce qu elle est aujourd hui.

Un dicton dit “si le ciel disparait, il reste la coupole du Gour Emir”.
En effet, les nervures et emaux turquoises de celle ci pourraient lui faire concurrence…



Une petite salutation a Tamerlan plus tard, nous nous dirigeons vers la plus grande mosquee d Asie Centrale, la mosquee Bibi Khaloum.



La mosquee a subi de plein fouet les outrages du temps, des tremblements de terre et des bombardements, mais les nombreuses restaurations lui redonnent peu a peu son éclat d antan.





La plus modeste mosquee dite “des voyageurs” nous accueille ensuite. Son asymetrie et sa colonnade, ainsi que le beau point de vue qu elle offre sur la ville nous ont beaucoup plu.



En revanche, les autorites ont mis un peu trop de zele au niveau urbanisme autour des beaux monuments: grandes esplanades vides, parkings de bus ou echangeurs d autoroute (!) ont remplace les entrelacs de ruelles et de maisons qui en faisaient le charme…

Un des endroits les plus preserves de la ville nous attendait neanmoins: l ensemble de mausolees Shah i Zinda. Autant le dire tout de suite: c est le plus beau site qui nous a ete donne de visiter. Une bonne quinzaine de mausolees, tous differents et rivalisant de beaute, s articulent autour d une etroite ruelle ou dansent les reflects des faiences azur.
C est a couper le souffle, et malgre l affluence de pelerins locaux et de quelques touristes, la ferveur et la magie qui s en degagent restent intactes.







Bien entendu, un petit detour au bazar s imosait, et c est comme a chaque fois autant un regal pour les yeux que pour les papilles… mention speciale pour les abricots secs fourres aux noix, un delice!



Il nous reste encore deux grands momuments a decouvrir: tout d abord, le fameux Gour Emir, qui abrite la tombe de Tamerlan, de son precepteur et de deux de ses petits-fils, sous une myriade de peintures or, bleue et blanche…





Enfin, la fameuse place du Registan! Malheureusement, la vue generale de la place est obstruee par une monstrueuse scene avec moult rampes lumineuses, mais l interieur des 3 medressas qui constituent l ensemble ont garde leur cachet. La place, tres abimee au cours des deux derniers siècles a ete superbement restauree et faiences elaborees, coupoles turquoises et peintures dorees billent desormais de tout leur éclat.











Un peu a l ecart, certains monuments sont encore en cours de restauration, comme ici pour les peintures interieures…



Pour feter notre derniere soiree a Samarkand, deux grands enfants s en donnent a coeur joie sous les yeux ebahis des locaux!



Shakhrishabz

Avant de quitter la region, une escapade vers la ville natale de Tamerlan justifiait un petit detour. Pour y arriver, nous devions franchir une petite chaine de montagnes, ca nous change du desert!







Nous y visitons notre premier caravanserail (les autres ayant ete detruits), lieu clos ou les voyageurs venaient abreuver leurs bêtes, cuisiner et se reposer pour la nuit.





Ce qui vaut le detour ici, c est surtout les restes du grandiose palais d ete de Tamerlan: il n en reste que le portique a moitie effondre, et ces restes sont déjà aussi imposants qu une cathedrale! De gros piliers de 38 metres de haut supportaient une voute, ecroulee depuis longtemps. La vue y est grandiose, et on prend la mesure de l ego du souverain, dont l empire s etendait d Istanbul a New Delhi.





Un dernier saut de puce en train, et nous revoici tous les 3 a Tashkent, ou Pierre ( avant son depart pour l aeroport) a pu essayer Amsty!





Merci encore pour ta presence Pierre, quels 10 jours formidables!

Enfin, nous avons accompli notre derniere mission avant de quitter l Asie Centrale: trouver un carton decent pour emballer Amsty en vue du vol Tashkent-Tbilissi via Baku. Mission accomplice grace a une suite improbable de coups de telephone nous menant jusqu a une banlieue lointaine ou nous attendaient les tres beaux cartons!



Demain nous prenons donc notre envol pour la Georgie, après 58 jours en Asie Centrale!
A bientot tout le monde…