Nous avons donne peu de nouvelles ces derniers temps, mais les connexions internet etaient aussi inexistantes que le bitume sous nos roues! Que de choses a vous raconter maintenant...

Tout d abord, nous avons comme prevu quitte nos amis Agnes, Jerome et Pierre Yves avec un pincement au coeur. Ils avaient prevu un trek autour de Karakol avant de retourner sur Almaty puis de prendre un vol pour Aktau puis Tbilissi. (leur album Picassa est visible sur ce lien)

De notre cote, nous avons continue la route que nous avions prevue: trajet de Karakol a Balikshi via la rive nord du lac Issyk Kol en minibus (rive moins jolie et plus touristique qu au sud), puis direction le petit lac de Song Kol a 3016m d altitude, via une route que nous pensions bitumee mais qui s est rapidement transformee en piste caillouteuse digne des derniers jours en Mongolie.

Des que nous avons quitte les rives d Issyk Kol, le paysage est devenu de plus en plus desertique: petits buissons secs omnipresents, avec meme un troupeau de chameaux sauvages pour completer cette sentation d aridite.







Heureusement, les rivieres et ruisseaux provenant des hauts sommets alentours sont rarement a sec, et nous offrent de beaux coins pique-nique (ou bivouac) ainsi que la beaute d une trainee de verdure dans le desert.



Pendant la montee vers Song Kol, les villages deviennent de plus en plus petits, avec des maisons de plus en plus modestes (mais toujours bleues et blanches), et parfois meme d anciens wagons sovietiques sont reconvertis en maisons de fortune!
Nous y trouvons toujours de quoi ravitailler, de facon plus ou moins luxueuse, en eau, sardines (encore et toujours!!!), et parfois meme des piroshkis (chaussons frits aux patates et/ou oignons) ou nans (pains plats) faits maison.







Au fur et a mesure, les champs laissent place a un mode de vie plus nomade, avec troupeaux en liberte et fermiers stockant le foin sur les toits (pour les animaux l hiver) et les bouses sechees en pyramide dans la cour (pour alimenter poeles et fours en combustible, les arbres etant inexistants la plupart du temps).





Nous retrouvons des paysages plus alpins aux alentours de 2500m, avec prairies verdoyantes, ruisseaux, et aussi plein de marmottes. Celles ci ne mettent pas le chocolat dans du papier d alu (contrairement a leurs cousines suisses), mais construisent leurs terriers dans les talus le long de la piste.


Lors de notre bivouac au milieu de la montee vers ce haut col, un coup de feu tres proche de notre tente a soudain dechire le silence de la montagne... On sort, et on voit une femme courant dans la montagne, et un homme courant vers elle un fusil a la main!!!??? Notre perplexite n a pas dure longtemps (ouf!): la femme revient vers son mari, une enorme marmotte a la main. Il y en a qui vont se regaler ce soir!...



Le lendemain de cette (presque) crise cardiaque, nous avons mis nos mollets a rude epreuve pour l ascension (toujours dans les cailloux) du premier gros col Kyrgyz, culminant a 3400m d altitude (Bishkek etait a 600m et le lac Issyk Kol a 1600m...).
Nous n avons meme pas pose pied a terre et avons battu tranquilement notre record daltitude sous un soleil radieux!





Quelques centaines de metres apres ce passage memorable, un gamin nous barre la route et nous propose de venir prendre le the dans sa yourte. Le groupe d adultes confirment l invitation, et nous acceptons avec joie d arroser en bonne compagnie cette grosse ascension.
Il est 11h du matin, et en lieu et place du the, les toasts sont portes a la vodka. L alcool coule a flots, et nous en versons discretement par terre quand personne ne nous regarde pour pouvoir suivre le rythme des toasts sans finir ivres morts. La fete improvisee se poursuit dans la yourte, avec des bols de Kymys (lait de jument fermente, comme l airag mongol, dont nous ne sommes decidement pas fans), des bols de the, et bien entendu encore un peu de vodka.



Nous avons la chance d assister a la ceremonie d abattage du mouton, egorge (contrairement a la mongolie) apres que nous ayons fait le geste d'"amin" pour remercier Allah. Il nous est meme demande de preter main forte pour le barattage du lait!






Cette premiere experience d hospitalite Kyrgyz nous emeut et nous ravit....... 200$.
Ca aura ete le prix de notre naivete: nos "charmants" hotes (ou une des nombreuses personnes de passage) ont preleve cette somme dans la sacoche que nous avions laissee dans la yourte (en la refermant a la va-vite). Evidemment, une fois le mefait decouvert nous nous sommes fait chasser, et la gueulante que nous avons poussee n a pas servi a grand chose face a leur mauvaise foi. Nous sommes donc partis, impuissants face a leur superiorite numerique, leurs couteaux de boucher et leurs 4 chiens, en nous disant que "bien mal aquis ne profite jamais"...
Heureusement, les rives du lac Song Kol nous ont offert des paysages sauvages magnifiques, ponctues de yourtes traditionnelles et de couleurs aussi changeantes que les conditions climatiques.
Les yourtes Kyrgyzes different de leurs homologues mongoles sur plusieurs points: elles ont un toit plus pendu, et peuvent donc s affranchir des deux potreaux centraux. Les poeles ne sont pas centraux mais a droite de la porte d entree, qui n est pas en bois mais en feutre. Il y a moins de couches de feutre formant la couverture de la yourte, et celui-ci est couvent orne de nombreuses broderies. Enfin, le cercle formant le sommet de la yourte comorte 6 arceaux de bois croises de facon specifique, formant la motif central du drapeau Kyrgyz.





La temperature a 3000m ayant chute a 4 degres, nous avons opte pour un sejour en yourte lors de notre deuxieme nuit sur place. Bien nous en a pris, car nous avons essuye plusieurs orages de grele memorables, et il a meme neige pendant la nuit! Cette halte salvatrice nous a aussi permis d assister a la traite des vaches, d admirer des veaux minuscules et de manger chaud de la bonne nourriture nous rappelant celle de Mongolie, miam!







Le lendemain, il faisait toujours aussi froid mais le ciel clair nous a permis d aller marcher sur les hauteurs pour admirer les panoramas autour du lac, rendus plus incroyables encore apres les intemeries de la nuit.







Nous sommes ensuite sortis de la cuvette du lac (col a 3200m), avec une superbe descente en lacets dans les sapins!
Quelques yourtes s egrennent au debut de la descente, toujours aussi belles, mais toujours aussi pourvues en gros chiens, qui eux sont toujours aussi motives pour mordre des mollets de cyclistes. Notre technique s ameliore en consequence: dorenavant, nous nous arretons, descendons a l abri du tandem, crions sur les chiens et faisons mine de leur jeter des pierres. Souvent l intimidation suffit, parfois il faut passer a l action, mais pour l instant cela s avere tres efficace!






Notre autonomie en eau etant toujours limitee (surtout avec de tels deniveles), nous avons regulierement ravitaille en eau aux nombreuses sources et ruisseaux sur notre chemin (le filtre a eau fonctionne a plein regime), ce qui permet aussi de faire une vaisselle correcte et de se laver quand la temperature est acceptable.



En retrouvant un plateau a 1500m, nous sommes repasses dans un paysage ou l aridite des montagnes ne fait qu ajouter a leur majeste. Les valles sont souvent ponctuees de mausolees en terre crue dont nous ne connaissons pas la date de edification, mais dont la construction et les motifs de briques toujours differents donnent un charme particulier au paysage.



Enfin, quelques petits etangs d irrigation marquent notre retour a la civilisation (et au bitume, pour 35km!), avant de reprendre la piste vers Jalalabat puis la route bitumee vers Osh, ponctuee par un col a 2930m et un autre a 3160m!...





Nous vous raconterons cette deuxieme partie dans 3 ou 4 jours, avec des cayons, des anes, de la sueur, un sejour chez l habitant en B&B, des tournesols et un emouvant retour au bitume...